Le 16 août 2018, par Geneviève Koubi,
… suite des articles du 9 août 2018 : « Élections au Brésil. Élections présidentielles… Premier tour le 7 octobre 2018 (-I) » et du 13 août 2018 : « Élections au Brésil. Élections présidentielles… Premier tour le 7 octobre 2018 (-II) ». [1]
+ + +
La Constitution de la République fédérative du Brésil de 1988 célèbre « ses trente années » avec des élections générales dont la campagne est et reste troublée par l’incertitude récurrente sur la validation ou l’invalidation de la candidature de Luiz Inacio Lula da Silva présentée par le Partido dos Trabalhadores (Parti des travailleurs, PT) à la présidence. La décision conclusive devrait être rendue autour du 10 septembre 2018 [2]. Nul doute que, durant le Congresso international de direito des 12, 13 et 14 septembre 2018 au Centro Universitário do Tiradentes à Maceió (Alagoas) [3], le débat prévu autour des trente ans de la Constitution [4] s’emparera à un moment ou un autre de ces péripéties persistantes - en dépit d’un programme calibré entre le droit des marchés et les droits de l’homme.
,
Les regards pour les élections des 7 et 28 octobre 2018 sont tournés vers le Tribunal supérieur électoral (TSE) qui, selon sa (nouvelle) présidente Rosa Weber, peut décider de la recevabilité ou de l’irrecevabilité d’une candidature sans avoir à saisir une autre autorité [5] - ce que conteste le colistier de Lula [6].
.
Le Partido dos Trabalhadores qui s’est rassemblé derrière la fragile candidature de Luiz Inacio Lula da Silva à la présidence, est dans l’expectative. Les discussions sur cette candidature sont continuelles ; politistes, juristes, avocats, juges, émettent diverses opinions, la plupart préoccupées par un dénouement rapide de la situation [7], d’autres soucieuses d’un retournement de la situation au prisme d’une intercession du Supremo Tribunal Federal (STF). Les quelques solutions spécifiques pour que la candidature de Lula soit retenue [8] semblent inconsistantes.
Dès lors, même présentées comme ’neutres’, les prises de position des membres du TSE sont scrutées à la loupe [9]. Elles laissent peu d’espoir aux partisans de Lula tant se confirme une application stricte de la Lei complementar nº. 135/2010 du 4 juin 2010 (lei da Ficha Limpa). Cependant, le Partido dos Trabalhadores envisage déjà contester le résultat des élections si l’enregistrement de la candidature de Lula est rejeté [10].
,
Outre le paysage politique dans lequel elles s’insèrent, les questions que posait la candidature de Lula étaient autant liées aux soubresauts d’un « coup d’état institutionnel » de 2016 mené contre Dilma Rousseff, deux fois élue à la présidence en 2010 et en 2015 [11], qu’à la personnalité du candidat, à sa notoriété, à sa popularité, à ses parcours entre syndicalisme, présidence de la République et incarcération [12]. En découlent une prudence déréglée des candidats eux-mêmes à l’égard de leurs propres colistiers et, surtout, au sein de la population, une relative défiance envers les sénateurs du fait de leurs entremises particulières dans les mécanismes judiciaires…
Cependant, le Partido dos Trabalhadores a poursuivi ses actions afin de réhabiliter Lula [13]. Il a voulu faire en sorte que le dépôt de la candidature de Lula, de qualité procédurale, soit clairement compris comme un « acte politique » [14] - en forme de manifestation [15]. Juste avant, a été diffusé un article de Lula publié dans le New York Times du 14 août 2018 [16], article dans lequel il en appelle à la démocratie et fustige le gouvernement Temer [17].
,
Quatorze prétendants à la fonction présidentielle du fait des différentes conventions nationales des partis politiques brésiliens s’étaient affichés, le PcoB s’est retiré de la course. Les candidatures qui ont été enregistrées le 15 août avant 19h sont donc au nombre de treize. Il s’agit de : Alvaro Dias (Podemos), Cabo Daciolo (Patriota), Ciro Gomes (PDT), Geraldo Alckmin (PSDB), Guilherme Boulos (PSOL), Jair Bolsonaro (PSL), João Amoêdo (Novo), Marina Silva (Rede), Henrique Meirelles (MDB), Vera Lúcia (PSTU), João Vicente Goulart (PPL), José Maria Eymael (DC) et Luiz Inácio Lula da Silva (PT).
Mais « qui sont les principaux candidats à la présidence brésilienne ? » [18]. Parmi les treize cités, en écartant là Luiz Inacio Lula da Silva, les ’principaux’ seraient au nombre de quatre : Jair Bolsonaro, Marina Silva, Geraldo Alckmin, Ciro Gomes.
Cette élection présidentielle « qualifiée de "plus incertaine depuis la redémocratisation du pays", part d’une situation cocasse. Le favori des sondages, l’ancien président Luiz Inacio Lula da Silva candidat du Parti des travailleurs (PT, gauche) est en prison depuis le 7 avril pour des faits de corruption. A-t-il néanmoins ses chances ? » Telle est la question posée par Claire Gatinois dans Le Monde.fr en ce 16 août [19]. Nombreux seront qui y répondront négativement...
,
La candidature de Lula étant déposée [20], le PT reconstruit sa stratégie électorale même si le risque d’une invalidation par le TSE est prégnant. Une idée de « substitution » commence à être franchement débattue. Inévitablement, les dissensions se sont accentuées au sein du Partido dos Trabalhadores. La logique juridique inhérente à la Lei complementar nº. 135/2010 du 4 juin 2010 implique l’inéligibilité de Lula. Même si Fernando Haddad deviendrait le candidat « réel » du PT, le choix du/de la colistier/e demeurerait toutefois incertain - même si Manuela d’Avila du PcoB semble devoir assumer cette place. En effet, il est à chaque fois rappelé que la décision quant au candidat « réel » du PT à l’élection présidentielle peut être prise au plus tard le 17 septembre.
Or, en tout état de cause, le ministère public électoral envisage former un recours contre l’enregistrement de la candidature de Lula [21].
,
La ’vraie’ campagne commence ce vendredi 17 août. Un débat télévisé sur Rede TV est prévu dès le soir. D’autres débats télévisés, interviews radiophoniques, meetings et assemblées, sont désormais programmés. Mais, quel que soit le cas, l’absence de Lula se fera toujours autant sentir.
,
[22]
,
à suivre... plus tard, si ... ou quand ... la candidature de Lula est ... ou sera ... rejetée.
...
[1] En cette présentation, les liens sont surtout de source brésilienne.
[2] V. « Haddad : decisão sobre candidatura de Lula deve ser tomada em setembro » (13 août 2018).
[3] Université privée … et inscriptions payantes.
[4] V. « debate jurídico sobre os 30 anos da Constituição, avanços e retrocessos da Constituição de 1988. »
[5] V. « TSE pode barrar candidaturas mesmo sem receber questionamentos, diz Rosa Weber » (15 août 2018).
[6] V. « Haddad confronta Rosa Weber sobre a possibilidade de barrar candidatura de Lula » (15 août 2018).
[7] V. « Raquel Dodge pede definição rápida de "reais concorrentes" nas eleições » (15 août 2018).
[8] V. par ex., « Quem tentar impedir candidatura de Lula terá de se desculpar, diz advogado » (14 août 2018) évoquanr une éventuelle ’suspension’ de l’inéligibilité de Lula.
[9] V. par ex., « Rosa Weber assume TSE e diz que "em tese" pode analisar indeferimento de candidatura de ofício » (14 août 2018) ; « Tribunal Superior Eleitoral cumprirá sua missão com firmeza, diz Rosa em solenidade de posse », blog (14 aout 2018) ; « Rosa Weber toma posse no TSE com a missão de comandar as eleições » Agência Brasil 15 août 2018.
[10] V. « PT : Lula pode disputar eleições até com registro indeferido » (15 août 2018).
[11] V. Claire Gatinois, « Dilma Rousseff un an après sa chute : ni remords ni regrets », lemonde.fr-magazine 12 mai 2017.
[12] V. « Présidentielle au Brésil : les questions que posent la candidature de Lula », Bom dia Brésil 7 août 2018.
[13] V. Tereza Cruvinel, « A cartada do PT », Jornal do Brasil 15 août 2018.
[14] V. « Com Lula preso, PT transforma registro de candidatura em ato político » (15 août 2018).
[15] V. « Protesto a favor de Lula bloqueia um dos eixos da Esplanada dos Ministérios… » (15 août 2018).
[16] V. « "Quero democracia, não impunidade", diz Lula em artigo no New York Times » (14 août 2018).
[17] V. « Lula : Eu quero democracia, não impunidade », NYT 14 août 2018 (en anglais : « Lula : There Is a Right-Wing Coup Underway in Brazil »).
[18] lemonde.fr, 16 août 2019.
[19] in « Qui sont les principaux candidats à la présidence brésilienne ? ».
[20] V. « Com Lula preso e ato político em Brasília, PT registra candidatura no TSE » (15 août 2018).
[21] V. Mariana Schreiber « Candidaturas são registradas no TSE : por que o impasse sobre Lula está longe do fim ? » O Terra.com.br 15 août 2018.
[22] ... toujours en attendant que la liste des candidats "réels" aux élections présidentielles au Brésil soit fixée..., sans pouvoir nommer "le" candidat du Parti des travailleurs (Lula ou Haddad ?), les candidats à la présidence de la République fédérative du Brésil sont rattachés à des partis politiques dûment enregistrés au préalable comme tels auprès du Tribunal Superior Eleitoral : - Geraldo Alckmin du Partido da Social democracia brasileira (PSDB), qui, outre au Partido progressista (PP) dont relève la colistière Ana Amélia Lemos, est aussi associé au Partido trabalhista brasileiro (PTB), au Partido da República (PR), au partido Democratas (DEM), au partido Solidariedade (SD), au Partido Popular Socialista (PPS), au Partido republicano brasileiro (PRB) et au Partido Social Democrático (PSD)…- João Almoedo du Partido Novo et, en colistier, Christian Lohbauer, du même parti...- Jair Bolsonaro du Partido Social Liberal (PSL), avec comme colistier Antonio Hamilton Mourặo du Partido renovador trabalhista brasileiro (PRTB)…- Guillerme Boulos du Partido Socialismo e Liberdade (PSOL), avec comme colistière Sônia Guajajara, du même parti…- Cabo Daciolo du parti Patriota (PATRI), et en colistière Suelene Balduino du même parti…- Álvaro Dias du Partido Podemos, avec comme colistier, Paulo Rabello de Castro du Partido Social Cristão (PSC) …- José Maria Eymael du Partido Democracia Cristã (DC), le colistier, Helvio Costa étant du même parti...- Ciro Gomes du Partido Democrático Trabalhista (PDT) dont la colistière, Kátia Abreu, relève du Partido democrático trabalhista (PDT)…- João Vicente Goulart du Partido Pátria Livre (PPL), son colistier, Léo Alves, relevant du même parti…- Vera Lúcia du Partido Socialista dos Trabalhadores Unificado (PSTU) avec en colistier, Hertz Dias, du même parti…- Henrique Meirelles du Movimento Democrático Brasileiro (MDB) qui a pour colistier Germano Rigotto du même parti…- Marina Silva du partido Rede qui a pour colistier Eduardo Jorge du Partido verde (PV)….