Le 23 janvier 2009, par Geneviève Koubi,
2009 est une année clef dans le renforcement des dispositifs policiers en France.
Maintenant que la gendarmerie a rejoint la police [1] malgré la réticence de nombreux gendarmes, un retour sur des fonctions de police de proximité dont elle était le principal acteur, semble se dessiner. Cependant, l’idée de proximité n’étant plus de mise, c’est sur une fonction de maintien de l’ordre et de lutte contre la délinquance que se focalisent les discours ministériels.
Remarquant que la principale source d’information sur les activités ministérielles ne repose plus sur les circulaires, instructions et notes de service, lesquelles ne sont plus publiées ou affichées et restent enserrées dans les circuits internes aux administrations concernées, il est nécessaire de signaler que le discours du ministre de l’Intérieur n’est pas des plus lisibles ou visibles sur le site officiel du ministère comme sur celui du gouvernement.
Quelques éléments relatifs aux polices de quartier peuvent pourtant être tirés de l’intervention du ministre de l’Intérieur prononcée lors de la « présentation des chiffres de la délinquance », le lundi 19 janvier 2009 [2].
A été évoquée la création des unités territoriales de quartiers (UTeQ) et des compagnies de sécurisation (CS) pour les quartiers sensibles, ces UTeQ et CS ayant été mises en place au printemps 2008. Il est ainsi précisé que « 8 UTeQ ont été créées, dans la région parisienne, à Toulouse et à Marseille. D’ores et déjà, en Seine-Saint-Denis, on constate un net recul de la délinquance de proximité dans leur périmètre d’exercice : - 15 % aux Franc Moisin/Bel Air (à St-Denis), - 10 % aux 4000/Jean Vilar (à La Courneuve), - 20 % aux Bosquets (à Clichy/Montfermeil) ». Par ailleurs, le souhait émis alors de « faire en sorte que la police et la population se parlent et se rapprochent », qu’un « lien de confiance entre les Français et les responsables de leur sécurité » se crée [3], que les « missions de médiation et de contact avec la population » soient développées, semble devoir se concrétiser dans la mise en route du projet d’une extension de ces dispositifs dans les quartiers dotés d’une UTeQ.
L’expérimentation menée en 2008 en Seine-Saint-Denis, et celle, plus récente, dans les Bouches-du-Rhône et en Haute-Garonne, dans le cadre de la lutte contre l’économie souterraine et les trafics urbains en tout genre, auraient vocation à être généralisées dans l’ensemble des quartiers sensibles. Sont donc prévues de nouvelles cartes pour assurer la répartition des unités territoriales de quartier et des compagnies de sécurisation, CS qui s’entendent « en appui » des précédentes [4].
Loin de s’engager dans une mission préventive qui était l’une des marques de fabrique de la police de proximité et des contrats locaux de sécurité, ces unités ont une vocation principalement répressive et s’impliquent dans des opérations diversifiées diurnes et nocturnes. Ainsi, seront déployées sur le terrain, en 2009, 100 unités territoriales de quartier et 23 compagnies de sécurisation [5] — unités de maintien de l’ordre spécialisées dans la lutte contre la délinquance urbaine — devant soutenir et assister les UTeQ « lors des opérations délicates », ces entités rassemblant plus de 4 000 policiers.
En définitive, il semblerait que la question de la sécurité n’a de réponse que par la multiplication des structures policières et ne se pense que dans la répression.
Tout un pan des études menées sur la lutte contre la délinquance urbaine devra être repensé sous le label de la lutte contre l’insécurité et devra être complètement remanié pour intégrer cette dimension répressive désormais largement affirmée...
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[1] Même si la gendarmerie n’est pas encore formellement placée sous la coupe du Ministère de l’Intérieur, la loi précisant les modalités de ce transfèrement n’étant pas encore définitivement adoptée et promulguée, les modes de financement des missions de la gendarmerie qui se rapprochent de plus en plus de celles de la police nationale le sont déjà plus ou moins.
[2] V. aussi, sur le site web du Premier ministre, La délinquance générale en baisse en 2008.
[3] Dans son discours, le ministre rappelle que « le lien de confiance passe aussi par un comportement exemplaire des policiers et des gendarmes, en toutes circonstances et en tout lieu. J’ai fait de la déontologie l’une des priorités de la formation des policiers et des gendarmes ».
[4] V. la carte tirée du Journal Le Figaro placée en "logo" de cet article.
[5] Pour une des sources d’information, par delà les informations délivrées par les quotidiens, notamment par Le Figaro, v. p. 11 du dossier de presse relatif à cette présentation du 19 janvier 2009.