Le 3 août 2010, par Geneviève Koubi,
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L’adjectif "sensible" qui, jusqu’à ces derniers temps, venait qualifier des approches ou des domaines fluctuants et incertains, s’estompe. A peine fut-il remplacé par "difficile" dans quelques discours administratifs que, sous la pression d’un lexique "guerrier", il a fini par se décomposer pour capter des termes coupants, par glisser sous des vocables âpres et, parfois, stigmatisants.
En dépit de ces mutations discursives, des affaires ou des faits divers, des espaces ou des lieux, des opérations ou des interventions, des thèmes ou des sujets, des zones ou des établissements, des interrogations ou des recherches, etc., sont encore appréhendés comme ’sensibles’. Les logiques qui y sont à l’oeuvre sont de protection — ou, de nos jours, plus généralement, se fondent sous couvert de "lutte contre..." et non dans la réthorique de la "guerre". Les enjeux y sont souvent de ’silence’. Pour ces terrains, objets, sites sensibles, les normes juridiques sont "aménagées", les mesures administratives sont "adaptées", les interdits s’y trouvent "renforcés", les sanctions s’y voient "aggravées", etc.
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Sans reprendre la trajectoire d’une étude menée en commun sur les questions sensibles, la réflexion ici insérée, toujours inachevée, empruntait des itinéraires particuliers louvoyant entre jeu du droit et temps de sentiment. L’anicroche demeure-t-elle encore d’actualité ?
Ces pistes de recherche, présentées à l’occasion d’un séminaire du CURAPP à la faculté de droit d’Amiens en 1997, ont été publiées dans l’ouvrage collectif Questions sensibles aux PUF en 1998.
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