Le 26 mars 2012, par Geneviève Koubi,
L’Institut d’Etudes de Droit Public de l’Université Paris-Sud XI organise, le 23 novembre 2012, une journée d’étude sur le thème "Droit et Anarchie". Cette journée est à destination des "jeunes chercheurs" [1].
Pour participer à la journée d’études, les "jeunes chercheurs" doivent présenter une proposition de communication (3500 signes) au plus tard le 30 juin 2012. Cette proposition doit être accompagnée d’une brève présentation de son auteur (diplôme(s), statut et éventuelles publications). Elle devra être envoyée à cette adresse : noe.wagener@u-psud.fr..
Le document de présentation de cet appel à contribution sur Droit et Anarchie, peut paraître réducteur :
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D’autres problématiques, d’autres arguments auraient pu être présentés dans cet appel... Car le désordre et la violence ne sont pas les marqueurs principaux de la posture arnarchiste ; le désordre et la violence peuvent tout autant provenir de l’Etat comme être la conséquence du système libéral ou le résultat des perspectives économiques capitalistes.
La perception des relations entre anarchie et droit semblerait alors quelque peu liminaire. Ne sont pas distinguées les modalités d’appréciation de ces deux termes. Anarchie et anarchisme ne sont pas synonymes. L’écart entre le fait, la situation, la pensée et la doctrine est multidimensionnel. De la même manière, règles de droit et normes juridiques ne sont pas nécessairement des productions de l’État, aussi ne peuvent-elles être systématiquement considérées comme équivalentes. Une bibliographie sélective aurait-elle permis à chacun des jeunes chercheurs intéressés de mieux se saisir de la problématique ?
Sont ainsi évacuées de la présentation des questionnements, les variabilités de la pensée anarchiste, les fonctions de la pensée politique et les notions composites de la norme sociale. Dès lors, la surexposition de l’Etat ne permettrait pas d’apprécier l’amplitude d’un mouvement social et politique qui s’oppose aux dérives ultralibérales qui surélèvent l’exploitation d’autrui et le profit des nantis et déclassent la force de travail et l’aspiration à la liberté. La question du "droit" ne s’entend que comme "contrainte" alors qu’elle pourrait signifier d’autres cheminements autour des paradoxes et confrontations entre reconstructions de l’individualisme et impératifs de la solidarité.
Les pistes de réflexions ouvertes par cet appel à contribution retracent la difficulté d’une conceptualisation des modèles retenus. La conception bourgeoise des rapports sociaux, indéniablement liée aux stratégies de domination et inhérente à la fonction du droit, convie à « une étude tant de la pensée anarchiste du droit que de la pensée juridique de l’anarchie. » Les exemples proposés de ’situation concrète d’anarchie’ en sont des révélateurs : ’weak et failed states’, ’milieux libres’ des années 1900, ’zones autonomes temporaires’, — ce d’autant plus que l’objectif serait de chercher à légitimer, peu ou prou, par le verbe du droit leur relative institutionnalisation... dans la marginalité.
Les rédacteurs de l’appel à contribution notent alors que « s’opposant à l’ordre établi, l’anarchie est perçue comme une menace pour la stabilité politique et juridique. » D’un autre côté, ne serait-ce pas plutôt utile de s’interroger sur le fait que le pouvoir corrompt ? Quant aux "constructions juridiques, fruit des systèmes libéraux, ... aujourd’hui présentées comme anarchiques", une réflexion sur la notion scientifique de ’chaos’ n’aurait-elle pu, plus valablement, asseoir le propos ? Pourquoi alors exclure du schéma les fonctions libertaires d’Internet ? Etc.
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Quoiqu’il en soit, l’idée d’une telle journée d’étude doit être retenue. Jeunes chercheurs, à vos claviers ! Ce serait dommage de laisser passer l’occasion de réfléchir sur ces questions ! [2].
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[1] - ce qui ne leur interdit pas d’être vieux ! La notion de "jeune chercheur" se greffe sur une posture d’entrée dans le monde de la recherche. Doctorants, nouveaux docteurs, chargés de recherche et maîtres de conférences plus ou moins nouvellement nommés sont les premier concernés.
[2] Une publication des actes de la journée est prévue pour le début de l’année 2013.