Le 16 mars 2014, par Geneviève Koubi,
Plutôt qu’une circulaire informative, une information peut être délivrée sur le site "circulaire....gouv.fr".
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En effet, c’est bien une information du 26 février 2014 relative à la gestion des places d’hébergement d’urgence pour demandeurs d’asile (HUDA) au travers du logiciel DN@ mise en ligne le 12 mars 2014 qui se trouve diffusée à l’intention des préfets.
Le propos de cette ’information’ est relatif à une expérimentation de la gestion des places d’hébergement d’urgence pour les demandeurs d’asile (ce qui justifie le ’HUDA’) menée à travers un logiciel qui prend ici le nom de DN@HU (le côté ’DA’ n’étant pas des caractéristiques principales du système en cause).
Cependant, il ne faut pas croire que l’hébergement est assuré. Ainsi que la note d’information le précise, « l’enjeu consiste (...) à recenser l’ensemble des personnes ayant sollicité un hébergement, qu’elles soient en attente d’une place sur le dispositif dédié, ou occupant de l’une de ces places ». L’objectif est évidemment de mieux gérer ce dispositif en tenant compte non des besoins, mais des variations de l’offre et de la demande... Les vocables ne sont pas sans échos économicistes.
Pourtant, toutes les ’places’ ne peuvent être recensées. Seules les places ’stables’ peuvent être identifiées. Cette stabilité s’entend surtout en termes structurels. Ainsi sont exclues les formes d’hébergement temporaires.... - ce qui laisse en suspends la notion même d’urgence. Par exemple, les "mises à l’abri" ne sont que passagères, qu’elles se réalisent dans des hôtels, des lieux de culte, des gymnases ou des casernes. Pour ces situations précaires et transitoires, le logiciel DN@ n’est pas adapté. La note d’information relève quand même quelques aspects positifs de ce logiciel à partir de l’expérimentation réalisée : « Le système d’information facilite l’orientation vers les places identifiées et le suivi de l’occupation de ces places ». L’attention se porte sur les ’places’ et non vers les demandes des demandeurs d’asile.
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Dès lors, l’information du 26 février 2014 revêt surtout le caractère d’une circulaire plus ou moins incitative.
Il s’agit pour les préfets destinataires de faire face aux difficultés d’application d’un logiciel aux possibilités limitées en transformant les réalités sociales de telle manière qu’elles répondent aux mécanismes intégrés.
En premier lieu, il est nécessaire de savoir comment identifier les besoins. Or, ces besoins ne sont pas évalués par rapport aux personnes concernées (demandeurs d’asile) mais suivant les places d’hébergement dédiées. En un deuxième temps, il est indispensable de mesurer quelles sont les capacités d’accueil en hébergement d’urgence ; le cadrage précédent se voit là confirmé puisque tout dépend du nombre de places recensées. En un troisième palier, il faut intégrer ces données à travers ledit logiciel. Cette liaison ne se fait pas sans distorsions. Enfin, il apparaît indispensable de songer à une répartition équitable des places d’hébergement d’urgence ainsi gérées entre les départements d’une même région. Et ceci s’entend dans le but de « rendre effectif le principe de solidarité et de mutualisation de la prise en charge des demandeurs d’asile » au niveau régional.
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Les systèmes d’information conçus à l’appui d’une modernisation de l’administration dans les applications logicielles contribuent donc à une amplification des logiques comptables... impliquant une déshumanisation des activités administratives.
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