Le 9 juin 2008, par Geneviève Koubi,
La France assurera la présidence du Conseil de l’Union européenne à compter du 1er juillet 2008 pour une période de six mois. Outre les sites à vocation européenne [1], la consultation de certains sites internet français sera indispensable pour tous ceux qui voudront suivre l’actualité de cette « présidence française du Conseil de l’Union européenne » :
un site officiel a été créé pour rendre compte de cette présidence : le site de la présidence française du Conseil de l’Union européenne est ouvert depuis le 2 juin 2008 ; formellement ses informations prendront sens le 1er juillet 2008. Cependant, il est déjà signalé et répertorié sur la toile — comme par exemple sur le blog étoile. Donc, il est activé à défaut d’être actif — sans pouvoir assurer de sa future interactivité.
un autre site, toujours officiel, est ouvert pour la raconter ... du côté d’une des chambres du Parlement, le Sénat.
Mais, dans la masse des réformes composées, proposées ou imposées, depuis ces dernières semaines dans le secteur de l’éducation, a-t-il été oublié que des « actions éducatives européennes » ont été d’ores et déjà envisagées ?
La circulaire n° 2008-019 du 5 février 2008 : Présidence française de l’Union européenne 2008 : des actions éducatives en direction des élèves, rappelant que « la France assurera la Présidence du Conseil de l’Union européenne du 1er juillet au 31 décembre 2008 », a souligné le rôle attribué de fait au ministère de l’Education nationale en lien avec le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche en ces domaines particuliers — qui ne seront pas pour autant des plus importants. L’objectif affiché dans cette circulaire était de : « - faire progresser la construction de l’espace européen de l’éducation et de la formation professionnelle ; - faire découvrir les systèmes éducatifs des autres pays européens ; - faire mieux connaître dans l’ensemble du système d’éducation les enjeux et les réalisations de l’Union européenne dans ce champ ; - faire découvrir les cultures des États membres de l’Union européenne à travers des rencontres et des échanges culturels ».
Les établissements scolaires, invités à s’impliquer dans des actions pédagogiques en direction des élèves, doivent les penser en deux temps : la rentrée en septembre 2008 et l’organisation d’une semaine de l’Europe. Ainsi, dès le mois de février 2008, il fut envisagé de faire en sorte que « la rentrée scolaire, du 2 au 5 septembre 2008, [prenne], dans chaque établissement, la forme d’une rentrée aux couleurs de l’Europe : pavoisement des établissements, signalétique dans les langues vivantes européennes enseignées dans l’établissement, événementiel spécifique, information aux élèves et aux parents ». La semaine de “l’Europe à l’école”, prévue dans tous les établissements d’enseignement, du 20 au 24 octobre 2008, est présentée comme une « occasion pour les équipes enseignantes d’intégrer des thématiques européennes aux enseignements et d’ouvrir certaines activités pédagogiques ou éducatives à la dimension européenne à partir de choix faits par l’établissement ». Il leur est demandé de « - construire la progression des enseignements sur l’année de manière à ce que les occurrences européennes contenues dans les programmes soient étudiées cette semaine là ; - organiser, à partir de la ressource existante en établissement, pour chaque classe, un cours relevant d’une discipline non linguistique dans l’une des langues vivantes étrangères et européennes étudiées ; (…) - dans le cadre de l’enseignement de français, travailler sur les mots migrateurs (à partir d’un choix de mots dont l’étymologie permet de voyager en Europe) ; - dans le cadre de l’enseignement de l’histoire-géographie, choisir de suivre un fleuve traversant plusieurs pays européens ». N’étaient pas perdus de vue les enjeux de la coopération européenne (Comenius, Léonardo, Erasmus, Grundtvig).
La circulaire n° 2008-042 du 4 avril 2008 : Préparation de la rentrée 2008 reprend la thématique de la dimension européenne du premier trimestre de l’année scolaire 2008-2009 mais elle ne la situe qu’en dixième position dans l’énumération des dix grandes orientations prioritaires exposées dès l’introduction : « développer l’ouverture à l’Europe dans le cadre de la Présidence française de l’Union européenne », et, de plus, en mettant principalement l’accent sur l’orientation. Les considérations à ce propos évacuent rapidement la question européenne, en détaillant « le parcours de découverte des métiers et des formations, à partir de la classe de 5ème, qui sera expérimenté à la rentrée 2008 dans les collèges volontaires, avant d’être généralisé en 2009 ».
Cette circulaire ne fait que confirmer la précédente signifiant toutefois que les actions en direction des élèves devraient avoir pour but de les rapprocher « des réalités du monde multiculturel et plurilingue qui est le leur aujourd’hui et de leur donner l’envie de le découvrir et de s’y intégrer », précisant aussi que « toutes les formes d’échanges d’élèves, de professeurs, de personnels administratifs, ou d’encadrement, avec les pays de l’Union européenne » doivent être encouragés [2]. Mais encore, « la “Fête des langues” (…) prendra appui sur la traditionnelle “Journée européenne des langues” du 26 septembre » ; et « du 20 au 24 octobre 2008, la semaine de “l’Europe à l’École” [aura pour objet de] faire vivre les écoles, les collèges et les lycées, les enseignants et les élèves à l’heure de l’Europe des 27 ». Il n’est pas envisagé là d’inviter les élèves à acquérir de nouvelles connaissances, notamment sur les institutions européennes, institutions dont ils sont pourtant, quel que soit leur statut, « des citoyens à part entière ».
Une autre circulaire n° 2008-046 du 17 avril 2008 concernant les activités éducatives et relative à la Saison culturelle européenne faisant référence à la circulaire du 5 février 2008 évoque l’organisation d’une saison de six mois durant laquelle la France « propose … aux 26 autres États membres de l’Union européenne de faire découvrir leur culture artistique et scientifique, sur l’ensemble du territoire national » ; ce sont alors les manifestations proposées aussi à des publics scolaires qui sont répertoriées, comme par exemple, « les 27 juin et 1er juillet, Festival d’Aix-en-Provence, Chœur de 600 enfants de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône et de pays européens, sur le thème “Liberté, libertés” » ou « du 7 au 14 juillet, “Lycéens en Avignon” » (avec un renvoi à la circulaire n° 2008-028du 26 février 2008) ou bien « du 11 au 13 juillet, Séminaire des Rencontres photographiques d’Arles “Narcisse photographe” » (avec un renvoi à la circulaire n° 2008-031 du 6 mars 2008 qui y est relative), jusqu’aux « “10 mois d’écoles et d’opéra” » du 18 au 21 décembre, « spectacle rassemblant 100 jeunes élèves néerlandais, italiens, hongrois et français, sur le thème “Roméo et Juliette” ».
Cette circulaire a pour particularité de présenter une liste de sites internet, existants, en instance d’être ouverts ou en construction qui voudraient, d’une certaine manière, présenter un agenda des manifestations – liées à la présidence française de l’Union européenne – en matière d’éducation [3].
Mais encore, une note de service n° 2008-032 du 6 mars 2008 sur l’Année européenne du dialogue interculturel avait mis l’accent sur le fait que « dans une Union européenne élargie, où la mobilité des citoyens est accrue, il est important de souligner l’apport des différentes cultures au patrimoine et aux modes de vie des États membres. Il est indispensable de créer les conditions de la reconnaissance des héritages multiples, tout en favorisant l’émergence d’une culture commune ». Cette circulaire annonçait déjà « qu’à l’occasion de la présidence française de l’Union européenne (...) la Saison culturelle européenne célébrera sur le territoire français les cultures des 26 autres pays membres de l’Union européenne. (...). Un programme complet sera consultable sur le site de la présidence française de l’Union européenne, ouvert à compter du 1er juin 2008 ». Parole respectée : le site est ouvert.
…
[1] V. pour une appréhension générale des enjeux de cette présidence, L. Cohen-Tanugi, Rapport en vue de la présidence française du Conseil de l’Union européenne, éd. Odile Jacob, La Doc. fr., 2008.
[2] En sus des jumelages et des partenariats académiques existants.
[3] Et, pour un autre type d’agenda, v. Présidence française de l’Union européenne - Agenda prévisionnel des réunions interparlementaires ayant lieu à l’Assemblée nationale ou au Sénat.