Le 1er mai 2010, par Geneviève Koubi,
au 1er mai
De quoi l’Etat se mêle-t-il ? De tout !
A coup de règles, il formate les maintiens, recadre les postures, dessine les paroles, embrigade la pensée...
Il le fait pour tous les âges.
Nourrisson ? il doit être toujours calme et ne pas gigoter ; ......... enfant ? il doit être obéissant et respecter l’autorité ; ......... adolescent ? il doit être policé et ne pas ’se planter’ ; ......... collégien ou lycéen, il doit être ’bon élève’ et ’bien élevé’ pour ne pas tout ’rater’ ; ......... jeune, il doit s’intégrer et se (ré)adapter ; ......... étudiant ? il doit être assidu et ne pas contester ; ......... mobile ? on doit savoir qui il est, où il va, ce qu’il fait en continuité ; ......... étranger ? il doit parler français et ne pas s’agiter ; femme ? elle doit conjuguer dignité et égalité ; ......... fonctionnaire ? il est obligé d’effectuer une mobilité ; ......... travailleur ? il doit remercier le patronat de pouvoir être exploité ; ......... licencié ? il doit être disposé à tout accepter ; ......... malade ? il doit patienter en restant en activité ; ......... siglé SDF, RMI ou RSA, il doit faire la preuve de ses incapacités ; ......... retraité ? il grève les liquidités ; ......... vieux ? on pompe ses liquidités ; ......... ...
......... Comment ne pas s’en inquiéter ? ......... Comment ne pas se révolter ? ......... ...
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Sans même s’interroger quant aux espaces de liberté collective, la tendance générale étant à la réduction des fonctions sociales de solidarité en versant vers la criminalisation des rencontres en groupe, la sphère de liberté personnelle se réduit au fur et à mesure que les lois et règlements disent que rêver, de quelle façon parler, de quelle manière marcher, vers où se diriger, comment se vêtir, de quoi se nourrir, qui aimer ou détester, comment se soigner, etc.
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Mais encore, en tant que les actes du passé aggravent les erreurs du présent ou fondent les estimations actuelles, les "matins bruns" se profilent à l’horizon...
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Relire Hannah Arent, Les origines du totalitarisme, instruit sur la désolation : « Les mouvements totalitaires sont des organisations massives d’individus atomisés et isolés »...
Et demain ?
........ ... Tous ... sous le regard des caméras de videosurveillance grillagées, dans la ganse des procès-verbaux désormais informatisés, revêtus de l’uniforme de la bienséance policée, engoncés dans les rênes de la discipline intangible, pris en tenaille entre les interdits fixés et les intolérés flexibles, isolés dans une seule identité ethnicisée, abreuvés d’informations insipides et incompressibles, impliqués dans des débats de société neutralisés, dotés d’un savoir calibré, évalués au rythme des mouvements d’un compte bancarisé, appréciés suivant les grilles des bilans de performance, mis en fiches détaillées, repertoriés en chiffres et lettres, ...
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